24/06/2009

Saint Padre Pio



Les Fioretti, en Italien, sont les « petites fleurs » qu’il faut cueillir pour embellir sa foi. Ces histoires édifiantes ont la particularité d’être véridiques. Dans la religion catholique, les Fioretti les plus connues et les plus appréciées restent celles de Saint François d’Assise, mais celles du Saint Padre Pio sont tout aussi intéressantes. Innombrables sont les cas les guérisons miraculeuses, de conversions foudroyantes, liées au seul fait de rencontrer le Padre et de se confesser à lui. Padre Pio lisait dans l’âme de tous. Il était extraordinairement généreux, tout en sachant se montrer ferme voire implacable. Il souffrit, à l’image du Christ, les plus grandes douleurs ; il n’était pas dénué d’humour. Pour qui veut découvrir le Padre, les Fioretti sont un excellent début. Je vous livre donc une belle histoire concernant Padre Pio et un fidèle, que l’on trouve telle quelle dans le petit livre de Pascal Cataneo, Fioretti de Padre Pio, aux éditions Mediaspaul (1990). Padre Pio fut canonisé le 16 juin 2002.

Justifier



CONVERSIONS EN CHAINE

Luisa Vairo habitait Londres, lorsqu'en septembre 1925 elle se rendit à San Giovanni Rotondo. Elle a raconté sa conversion et celles de plusieurs autres personnes, liées à la sienne.

Cette dame avait longtemps vécu éloignée de tout sens religieux de l'existence en recherchant continuellement les plaisirs, sans pour autant réussir à trouver pleine satisfaction. Dans cet état de tension, elle fut ébranlée par un événement survenu dans son entourage : la conversion d'un ami très cher, grâce à Padre Pio. Le récit que lui fit cet ami l'impressionna au point qu'elle conçut un très vif désir de connaître ce fameux capucin du Gargano.


Un jour elle se rendit à San Giovanni Rotondo. A son arrivée, elle eut une impression étrange devant le dénuement du pays et du couvent, difficile à imaginer aujourd'hui, après tant de transformations. Quel contraste à côté des salons de Londres ! La dame eut un mouvement de répulsion ; son premier réflexe fut de s'éloigner le plus rapidement possible. Pourtant, elle sentait monter en elle un sentiment d'attirance pour la simplicité, la sérénité, la douceur de l'ambiance. Cela la déroutait. A la pensée de devoir rencontrer un religieux qui vivait dans la douleur des stigmates, qui savait et voyait tout, elle était remplie d'une immense frayeur. Réalisant l'abîme qui séparait son milieu adonné aux plaisirs et ce monde mystérieux, elle éclata en sanglots, troublant les personnes qui l'entouraient dans la petite église. Padre Pio arriva, s'approcha d'elle et, comme s'il savait depuis toujours l'histoire de cette âme, lui dit : « Madame, calmez-vous, calmez-vous. La miséricorde de Dieu est infinie. Jésus est mort sur la croix pour les pécheurs. » Madame Vairo dit aussitôt :« Je veux me confesser, Père. - Calmez-vous, Madame, ce n'est pas le moment. - Mais moi, je ne saurai rien dire, comment vais-je faire ? - Revenez cet après-midi à trois heures, je vous confesserai. Pour le moment, allez vous restaurer un peu, puis venez me trouver. Si vous ne parlez pas, c'est moi qui parlerai. »

Cette dame obéit point par point au Père, mais l'esprit confus et agité, elle ne put préparer sa confession. Quand elle revint vers le religieux, celui-ci prit l'initiative et lui énuméra tous les péchés qu'elle avait commis en précisant le lieu, l'époque et les circonstances, ce qui la fit blêmir. Padre Pio avait omis cependant un péché, et il lui demanda :« Tu ne te rappelles plus rien ? » La pénitente se souvenait fort bien de cette faute qu'il avait tue. Elle resta un instant perplexe : devait-elle la dire... ou non ? Puis elle se décida et l'avoua. Alors Padre Pio, rayonnant, s'écria : « Enfin, c'est cela que j'attendais ! » Puis il lui donna l'absolution de tous ses péchés.


Madame Vairo, ainsi pardonnée, se sentait devenue quelqu'un d'autre. Non seulement elle voulut rester quelque temps encore près de celui qui l'avait tirée du néant, mais elle s'imposa une rude pénitence pour expier son passé. Un jour elle décida d'aller nu-pieds depuis son logement jusqu'au couvent, sous une pluie glacée mêlée de grésil. Elle arriva trempée et les pieds en sang. Padre Pio, en la voyant dans cet état, lui dit qu'il s'agissait d'une très forte pénitence, puis il ajouta : «Mais cette eau ne mouille pas», et les vêtements de Madame Vairo furent secs sur-le-champ.

Ce n'est pas tout. Cette dame avait un fils qui - tout comme elle auparavant - restait éloigné de l'Eglise. Dans la ferveur de sa nouvelle vie, elle lui écrivit, lui relatant sa conversion et lui parlant avec enthousiasme de Padre Pio ; elle l'invita même à la rejoindre à San Giovanni. Le fils ne voulut rien savoir et répondit qu'il ne s'y rendrait jamais, même par curiosité. Padre Pio exhorta la mère à persévérer dans la prière pour son fils, assurant qu'il se convertirait lui aussi un jour.

Peu après, Madame Vairo lut dans un journal apporté par un ami français venu lui rendre visite, que le navire sur lequel se trouvait son fils avait fait naufrage et que de nombreux passagers s'étaient noyés. Croyant que son enfant se trouvait parmi ces derniers, elle était dans le plus grand désespoir. Padre Pio, après avoir appris la raison de son chagrin, lui dit : « Qui t'a dit que ton fils est mort, pour que tu te mettes dans un tel état ? » Elle répliqua :« Et qui me dit qu'il est vivant ? » Le religieux se recueillit pour prier, puis déclara : « Remercie Dieu. Ton fils est en vie et il se trouve à tel endroit. » Et il lui indiqua ce lieu avec précision. La mère écrivit immédiatement à cette adresse, au moment même où le rescapé lui écrivait de son côté pour la rassurer. Les deux lettres se croisèrent, et le fils fut très étonné que sa mère ait pu savoir déjà où il était. Ceci l'intrigua tellement qu'il se rendit à San Giovanni Rotondo pour élucider ce mystère.


La foule attend pour se confesser au Padre


Quand il arriva, sa mère le pria de rester à jeun pour pouvoir se confesser et recevoir ensuite la sainte communion des mains de Padre Pio. Le jeune homme promit puis s'excusa, disant qu'il allait au marché et qu'il reviendrait aussitôt. Là, il acheta deux oeufs, qu'il goba... puis une grappe de raisin qu'il mangea aussi. Ensuite, il rejoignit sa mère dans la sacristie. Lorsque Padre Pio arriva, Madame Vairo lui présenta son fils en disant : « Père, voici mon enfant dont je vous ai parlé. » Padre Pio le regarda d'un air plutôt ironique et dit : « Quel fripon ! Quel petit menteur ! » et se tournant vers la mère il ajouta :« Tu le crois, toi, ma pauvre, qu'il est à jeun ? » Le jeune homme se crut en droit d'intervenir et dit au Père : « Pourquoi me traitez-vous ainsi ? Vous ne me connaissez pas. » Padre Pio répliqua : « Tu veux encore insister et soutenir que tu es à jeun... et les deux oeufs ?... et le raisin frais que tu as mangés ? » Alors le jeune homme se rendit et s'écria : « Père, pardon... je crois ! » Et il se convertit à son tour.

Cette photo de Padre Pio, rayonnant, fut prise en 1952. Il avait alors 65 ans