23/03/2009

Pourquoi tant de rage ?


La cité du Vatican

Pourquoi l’Eglise catholique suscite actuellement tant de haine, tant de rage de la part des journaleux, des hommes politiques ?

Parce qu’elle n’est pas à la mode!

Jamais on n’avait vu autant d’inepties prononcées ces derniers temps, non pas de la bouche du pape mais de celle des hommes politiques de tous bords et des personnalités engagées. Suite aux propos du pape (en privé) sur le port du préservatif et de son manque d'efficacité, Juppé rend son verdict freudien : "J'ai l'impression que le pape vit dans une situation d'autisme total". Un éminent sire propose que l’on condamne le pape pour Crime contre l’Humanité. Le crime du pape est de tenir le même discours que les papes qui l’ont précédé, de ne pas plier face au courant. Eût-il fallu que le pape devienne membre de Sidaction pour être toléré par les sous-fifres du gouvernement ? Benoît XVI doit-il béatifier Simone Veil avant d'être poursuivi par le CRIF ?

Non. L’Eglise ne s’adapte pas. Elle refuse encore. Elle se cramponne à des positions arriérées, vieilles d’il y a... quoi ? 2000 ans ? Dieu n’est pas la mode. Il ne l’était déjà pas de son temps. Pour être «acceptée », il faudrait que l'Église accepte définitivement de se fondre dans le dissolvant universel de la tolérance et des vérités aussi nombreuses que les individus : valeurs on le sait, fort à la mode. Or l'Église, si elle est dans ce monde, n'a jamais eu vocation à être de ce monde.

Au contraire des militants gays, communistes et autres cornichons bariolés, l’Eglise en la personne de Benoît XVI a osé rappeler qu’elle n’était pas supposée suivre la mode. J’aime cette phrase de Chesterton, phrase qu'il appliquait en son temps à l'Église sur le point de s'écrouler sous les coups du modernisme :

«Ce qui est mort peut suivre le courant, mais seul ce qui vit peut le remonter» (in L'Homme éternel).


Gilbert Keith Chesterton au travail... Il faut lire de lui, en priorité, L'homme éternel, puis les enquêtes du Père Brown, délicieuses nouvelles à la Sherlock Holmes


Et j’enrichirai ma pensée par un extrait du même G.K. Chesterton, dont la lecture est source inépuisable de réflexions et de profit; un extrait qui vous expliquera comme les chiens aboient, et la caravane passe:

« L'Église est la seule chose sur la terre qui puisse perpétuer un type de vertu et en faire quelque chose de plus qu'une mode (...) Vous ne pouvez nier qu'il est parfaitement possible que demain matin, en Irlande ou en Italie, puisse paraître un homme non seulement aussi bon, mais bon exactement de la même façon que saint François d'Assise. Très bien, prenons maintenant d'autres types de vertus humaines; beaucoup sont splendides. Le gentilhomme anglais du temps d'Élisabeth était chevaleresque et idéaliste. Mais pouvez-vous vous arrêter dans cette prairie et être un gentilhomme anglais du temps d'Élisabeth ? L'austère républicain du XVIIIe avec son patriotisme rigide et sa vie simple fut un beau type d'homme. Mais l'avez-vous jamais rencontré ? Avez-vous vu jamais un républicain austère ? Un siècle seulement a passé, et ce volcan de vérité et de courage révolutionnaire est aussi glacé que les montagnes de la lune. Et il en est ainsi et il en sera ainsi des notions éthiques qui bourdonnent dans Fleet Street au moment où je parle. Quelles phrases seraient aujourd'hui inspiratrices pour un employé ou un ouvrier de Londres ? Peut-être celles-ci : qu'il est le fils de cet empire britannique où le soleil ne se couche jamais, qu'il est le soutien de ses Trade Unions, (...) Ces noms et ces notions sont honorables, mais combien de temps dureront-ils ? Les empires s'écroulent ; les conditions industrielles changent. Qu'est-ce qui restera ? Je vais vous le dire. Ce qui restera c'est le saint catholique. »

La Sphère et la croix (1910).

Saint François d'Assise et Saint Padre Pio de Pietrelcina

Effectivement, Chesterton a raison. On retrouve saint François d’Assise dans Saint Padre Pio (750 ans plus tard...). Tous deux parlent de Jésus-Christ. Ils sont saints. Ils ont tout sacrifié d'eux-mêmes pour un Autre. Dans leurs épreuves ils ont subi, sans se plaindre: calomnies, haines, jalousies. Ils ont accompli des miracles, furent stigmatisés, convertirent des milliers et des milliers d'êtres et en convertissent encore à l'heure actuelle.

Mais que reste-t-il d'un "austère républicain" comme Maximilien de Robespierre dans Monsieur Juppé, par exemple ? (200 ans plus tard...). Celui-ci parle bien de valeurs et de République, partage les mêmes rancoeurs contre les valeurs passéistes que son ancêtre. Est-il incorruptible comme lui? Austère et spartiate comme lui? Déteste-t-il le luxe comme lui? Que nenni! Tout évolue, pardi! S’allier contre un ennemi commun et réciter une fable ne suffit pas à fonder une lignée cohérente, même au nom d'un "idéal", lequel doit bouger selon le dogme du progrès!

Tout ce qui est de ce monde change, effectivement... Le frivole, la mode, face à l'Eternel. Les hérétiques face à l'Église et à ses saints*. D'où la rage et la haine. On ne peut l'expliquer autrement.

-



Note:


* Les hérésies étant par nature à la mode (nées de leur temps, et en leur temps), cela explique leur caractère vite dépassé, et le besoin d'en inventer toujours des neuves, sinon d'en ressortir d'anciennes sous de nouveaux atours. Cela semble être une loi : plus le pape se conforme aux discours en vogue sur la modernité, plus il se rapproche des théories "hérétiques" (tolérance égalitarisme religieux, dialogue inter-religieux, politique mondialiste), plus il est loué, au moins toléré; plus il affirme un discours catholique conforme à sa fonction, plus il est conspué, haï. L'hérésie est le nouveau dogme de la modernité. CQFD. (on peut lire cela sur le même sujet)