12/07/2007

Hellboy ou le navet diabolique !


Hellboy, diablotin portant un chapelet à la main gauche


Hellboy, ou comment un film gentil se révèle être porteur d'une idéologie subversive.


A priori, tout va bien.


Hellboy est né en enfer, il est donc fils du Diable et partant, antichrist, mais ce n'est pas cela qui fait de lui un méchant. En naissant, il avait certes le faciès d'une gargouille, des cornes et une queue, je vous le concède, mais il a été adopté par un humain. N'est-il pas la preuve vivante que l'on n'est pas déterminé par son biotope? Ce sont ses « bons » choix, ses actes humanistes et ses « coucou tendresse » à sa fiancée, ses petites réparties qui témoignent de son humanité -humanité d'autant plus touchante qu'elle n'est pas innée, mais bel et bien acquise. Oui. Envers et contre le destin, envers et contre le papa diabolique.

Tout va bien madame la marquise, c'est un démon qui n'oublie pas qui il est, car il porte dévotement le chapelet que son père lui a légué.

Hellboy, le garçon de l'enfer, abat les méchants à coups de balles made in Vatican...

"Oh ! Que de spiritualité, quelle absence de préjugés contre la Religion catholique ! Les héros ne sont pas anticléricaux ! C'est merveilleux", se diront les coeurs purs.

Là où tout se corse, c'est lorsque l'on sombre dans le fantastique.... Les tueurs sadomasochistes, immortels (réincarnés) et diaboliques d'Hitler sont légion; le père adoptif d'Hellboy, spécialiste en occultisme les a confrontés lors de la guerre, et peut témoigner de leur authenticité. C'est le père adoptif d'Hellboy qui a prié le chapelet et qui l'a donné à Hellboy; la vue de ce chapelet aidera d'ailleurs Hellboy, lorsque viendra l'Apocalypse et qu'il devra faire le choix décisif... Et alors, il résistera au diable... il dira non au Destin, m*** au Diable et tout ira très bien.

Mais de qui se moque-t-on?

Dans cette histoire pathétique lue et approuvée par Le Monde, Libération et autres sommités journalistiques, on feint de donner à la religion une importance pour mieux la rabaisser au rang de niaiserie. Comment cela est-il orchestré ? Eh bien, de la manière la plus simple du monde: en mettant sur le même plan la religion et le fantastique. Ainsi, dans le monde propre de la fiction, pendant le temps que dure le film, nous pouvons tout aussi bien croire aux effets bénéfiques du chapelet qu'au monstre joliment nommé « Cerbère de la résurrection »... Ne nous inquiétons pas ! Le fait de croire à des fadaises, cela ne remet pas en cause notre intelligence ! Non, il ne s'agit que d'un film. Le visionnement terminé, nous mettons joyeusement dans le même sac toutes ces superstitions, d'autant plus pitoyables qu'elles ne sont pas ouvertement critiquées. Après tout, ne sont-elles pas présentées sous un jour favorable, puisque, pour une fois, on ne nous montre pas de sombres chevaliers de l'Opus Dei roulant pour l'Eglise? Ici les méchants sont vraiment diaboliques et les gentils vraiment chrétiens... Et le héros est un personnage de BD avec des cornes limées et le diable se réincarne en Raspoutine jusqu'à la fin des temps !


Un des amis, très réaliste, d'Hellboy


Hélas, ce film n'est pas unique en son genre. Il s'inscrit dans une tendance récente de navets hollywoodiens. Car ce qui s'applique à Hellboy vaut pour les délirants Constantine (Keanu Reeves et Rachel Weisz), la fin des temps (Schwarzie), Van Helsing, et L'Associé du Diable (Al Pacino, et Keanu Reeves), etc. Il s'agit d'oeuvres dont le message est bien plus pernicieux que les films ouvertement libre-penseurs, car on ne voit pas le Mal venir. Enfin, comme le rappellent un personnage de la Fin des Temps, le soit-disant infirme dans Usual Suspects, et le poète Baudelaire:

« La plus belle ruse du diable, c'est de faire croire qu'il n'existe pas ».

Et je vous le demande, qui irait croire à l'existence de l'Antichrist incarné par un si fantastique Hellboy?