18/11/2006

Le diable Prada


Voici mes impressions sur un film grandiose sur la mode. N’ayant pas lu le livre, je ne risquais pas d’être déçue.

L’héroïne est une jeune fille gentille, intelligente (vilaine, brune, pas blonde), seulement elle préfère le monde réel, le journalisme, à son intelligence. Au début, on ne comprend pas pourquoi elle est recrutée par le service des ressources humaines du prestigieux magasine Runway… ni pourquoi elle accepte de rester au milieu de toutes ces filles bien habillées, ces filles superficielles, elle qui a été admise à Stanford et qui porte un horrible pull synthétique. Et l'on se demande aussi pourquoi elle accepte sans broncher les sacs et les manteaux de fourrure que sa patronne lui jette au visage chaque matin... Mais pourquoi diable ne claque-t-elle pas la porte? Quelle idiote, me direz-vous! ...

Malgré tout cela, on a envie que la petite héroïne s'en sorte et montre de quoi elle est capable! ... Alors voilà! Lisez le portrait qui suit, vous allez comprendre à quoi servent tant de mortifications. La directrice de rédaction du prestigieux, sublime journal de mode Runway (il s'agit en fait d'une institution qui déciderait, semble-t-il, du cours du monde entier) Meryl Streep, alias Miranda, est dépeinte comme une déesse (toute puissante ! déesse, païenne, évidemment; avatar du diable, naturellement). Comme une tigresse (méchante ! ses assistantes qui franchissent le seuil du «un an » sans se faire licencier sont munies du viatique leur permettant d’accéder à toutes les super carrières). Comme une fashion-bourreau (oh! c’est Miranda qui forge la mode, c'est elle qui le dit, les yeux injectés d’Innoxa toisant la pauvre héroïne qui se repentira d’avoir été insolente et qui deviendra victime, fashion-victime). Miranda est un défi ; Miranda-dragon révèlera notre héroïne à elle-même après l’épreuve.

Du mal sort toujours un bien. Sacrifiée sur l’autel « de la mode et de la superficialité », du culte des apparences, l'héroïne! Pour la bonne cause! Elle est consciencieuse, aime travailler ergo elle aime son boulot. "Nature", pas superficielle pour un sou, elle suit l'ordre des choses en devenant addict à la mode, à sa patronne diabolique, accro à devenir infecte au point de délaisser ses petits choux d’amis, abjecte au point d’oublier l’anniversaire de son copain (quelle honte!), infâme au point de s’habiller en Prada, innommable jusqu'à piquer la place de sa collègue parce que sa patronne l'exige. Mais, Dieu merci!, c’est un film bien et non pas une bleuette superficielle. L’héroïne ne pouvait continuer de vivre parmi ces insectes grouillants sans se transformer elle-même en bousier luisant... Tant d'horreurs capitalistes! Pure, elle restera. Elle a peut-être profité du fric qu’on lui a donné, du voyage à Paris où elle a pu se libérer romantiquement, porté les vêtements et les sous-tifs les plus chers du monde, des cadeaux à 5000 dollars pièce. Elle reste pure, il lui suffit de jeter son portable dans une fontaine de Paris (very romantic place), de faire la nique à sa patronne laquelle, devenant victime à son tour du charme de l’héroïne, ne peut s’empêcher de sourire en pensant à cette petite dévergondée subversive qui a osé dire NON, après avoir dit OUI. Il faut bien goûter aux joies du monde pour cracher dessus. C'est un ascétisme distingué. Ainsi il est écrit dans Marx qu'il n'est nul besoin d'attaquer le capitalisme puisqu'il court tout seul à sa perte et qu'il se détruit de lui-même. Profitons mes amis, profitons. Le capitalisme c'est écrit doit servir à quelque chose pour le grand millénarisme (millésime, ha, ha, ha) qui vous attend! Vive le fric!


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ouais le capitalisme ça pue !
Tain j'y pense faut que j'aille changer mon phone car il est as been et changer ma TV parcequ'elle n'est pas HD Ready. Tain fait iech !

Anonyme a dit…

Ma pauvre neodyme tes lecteurs sont de plus en plus nuls! voir commentaire en haut!