24/11/2006

Jean-Jacques metteur en scène















"Avec Jean-Jacques Bourdin, le maître d'œuvre de la matinée, le rendez-vous est citoyen, populaire, solidaire. C'est un espace de liberté où chacun s'exprime, raconte son quotidien, défend ses opinions. Comme dans la vie. Les acteurs de l'actualité sont invités, interrogés, souvent bousculés. Le ton est incisif et dérangeant, les auditeurs interviennent et bousculent eux aussi la matinale d'RMC."


Bourdin n’en finit pas de vouloir convertir les gens. Y réussit-il ? Si je n’avais ri, j’aurais hurlé. Je ne le trouve pas incisif, mais consensuel, démagogique. Dérangeant, oui, pas dans le sens qu’il aimerait. Cela est archétypique des présentateurs de radio, certes, mais lui bat le record. Ce matin du 24 novembre 2006, il présentait un cas de couple qui s’était donné la mort, un cas de « suicide assisté »… Un acte courageux, qui lui donnait civiquement les larmes aux yeux. Il citait à l’appui, pour légitimer son admiration éperdue, des texto d’auditeurs bouleversés, comme lui, par cette histoire d’amour magnifique. Bourdin va jusqu'à parler de « Roméo et Juliette » pour désigner les suicidés assistés. Roméo et Juliette ? Il n’a pas songé dans sa recherche d'attributs élogieux, qu’en se suicidant de façon préméditée ces gens n'étaient ni Roméo ni même Juliette. Les héros de Shakespeare se suicident par accident, par dépit de croire l’autre mort. Les deux suisses ont tout planifié. Peut-être bien que le seul moyen de se prouver leur amour était de mourir? Et alors? N'est-ce pas tous ce qu'on cherche lorsqu'on lit Roméo et Juliette ou Tristan et Yseult? Qu'est-ce qui plaît le plus à un public? Une histoire d'amour et de mort, bien sûr, de mort surtout. Orchestrant leur mort, prévoyant cet événement pour tel jour, telle séance, nos suicidés assistés font reposer la tragédie au seul niveau de sa représentation. Tragédie parce que l'ordre inquisitorial réactionnaire veille dans l'ombre, peut-être? Mais dans cette tragédie-là, on feint de donner à cet ordre inquisitorial le caractère temporel sinon transcendental qu'il n'a pas. C'est refuser d'admettre qu'il n'existe qu'autant qu'il sert de repoussoir. Il faudrait donc être plus novateur car dans cette émission la tragédie rencontre peu de diablotins vengeurs. En tant que metteur en scène, J.J. est plus doué. Il a eu l'idée de faire venir l'homme qui a aidé les amoureux à se suicider, devenant ainsi l'historien de cette tragédie. On a un auteur! On a une tragédie! Hourra! Il ne manquait plus que les violons. Mais tout de même, non! on s'appelle Jean-Jacques, on ne s'abaisse pas à quémander l'approbation, on la revendique, avec un prénom à faire respecter, une admiration à marteler dans les oreilles de ses auditeurs.

Pour ceux qui veulent en savoir plus (sur le suicide assisté: cliquez là. Vous remarquerez que sur ce site les commentateurs parlent de débat alors que l'article ne rend compte que d'une contradiction inhérente aux droits de l'homme; que les commentateurs ordonnent de cesser le débat inutile alors qu'ils ne trouvent aucune résistance à leurs opinions, qu'ils sont tous d'accord pour dire que le suicide assisté, c'est formidable).

21/11/2006

De la Musique pour le Coeur et l'Esprit

A tous les férus de musique spirituelle vernie d’une couche de pop (David Bowie, Phil Collins), je me sens sommée intérieurement de recommander l’album « Heart and Soul » de l’artiste Sal Solo à vous tous, lectrices et lecteurs, Sal Solo donc, pauvre fou sur le retour qui, sous le coup de la divine Grâce, fut converti à la Religion lors d’un pèlerinage à San Damiano. Après sa conversion, il fut absous de sa folie, ne fut plus fou, en conséquence je ne pense que du bien de ce demi-fou (pour être artiste, inspiré et enthousiaste, il ne faut pas prétendre avoir toute sa tête à soi, ce serait téméraire). Son oeuvre donc s’écoute sans hurler et le titre San Damiano est loin, très loin d’être désagréable. La "reprise" d’Adoramus te, avec batteries bien appuyées et sonorités proches de la B.O. du Roi Lion, enchantera ceux qui n’ont jamais mis les pieds à l’église et permettra aux producteurs de musiques religieuses de se remplir les poches pendant l’œcuménique période de Noël, à défaut de ramener les ouailles dans le droit chemin (si, comme je l’espère, c’est le but de l’artiste). Je me permettrai de dire toutefois que le titre Drift Away est objectivement et somptueusement hideux. Le reste de l’album est charmant. Enfin si vous voulez écouter de la véritable musique religieuse, vous savez où aller.

18/11/2006

Le diable Prada


Voici mes impressions sur un film grandiose sur la mode. N’ayant pas lu le livre, je ne risquais pas d’être déçue.

L’héroïne est une jeune fille gentille, intelligente (vilaine, brune, pas blonde), seulement elle préfère le monde réel, le journalisme, à son intelligence. Au début, on ne comprend pas pourquoi elle est recrutée par le service des ressources humaines du prestigieux magasine Runway… ni pourquoi elle accepte de rester au milieu de toutes ces filles bien habillées, ces filles superficielles, elle qui a été admise à Stanford et qui porte un horrible pull synthétique. Et l'on se demande aussi pourquoi elle accepte sans broncher les sacs et les manteaux de fourrure que sa patronne lui jette au visage chaque matin... Mais pourquoi diable ne claque-t-elle pas la porte? Quelle idiote, me direz-vous! ...

Malgré tout cela, on a envie que la petite héroïne s'en sorte et montre de quoi elle est capable! ... Alors voilà! Lisez le portrait qui suit, vous allez comprendre à quoi servent tant de mortifications. La directrice de rédaction du prestigieux, sublime journal de mode Runway (il s'agit en fait d'une institution qui déciderait, semble-t-il, du cours du monde entier) Meryl Streep, alias Miranda, est dépeinte comme une déesse (toute puissante ! déesse, païenne, évidemment; avatar du diable, naturellement). Comme une tigresse (méchante ! ses assistantes qui franchissent le seuil du «un an » sans se faire licencier sont munies du viatique leur permettant d’accéder à toutes les super carrières). Comme une fashion-bourreau (oh! c’est Miranda qui forge la mode, c'est elle qui le dit, les yeux injectés d’Innoxa toisant la pauvre héroïne qui se repentira d’avoir été insolente et qui deviendra victime, fashion-victime). Miranda est un défi ; Miranda-dragon révèlera notre héroïne à elle-même après l’épreuve.

Du mal sort toujours un bien. Sacrifiée sur l’autel « de la mode et de la superficialité », du culte des apparences, l'héroïne! Pour la bonne cause! Elle est consciencieuse, aime travailler ergo elle aime son boulot. "Nature", pas superficielle pour un sou, elle suit l'ordre des choses en devenant addict à la mode, à sa patronne diabolique, accro à devenir infecte au point de délaisser ses petits choux d’amis, abjecte au point d’oublier l’anniversaire de son copain (quelle honte!), infâme au point de s’habiller en Prada, innommable jusqu'à piquer la place de sa collègue parce que sa patronne l'exige. Mais, Dieu merci!, c’est un film bien et non pas une bleuette superficielle. L’héroïne ne pouvait continuer de vivre parmi ces insectes grouillants sans se transformer elle-même en bousier luisant... Tant d'horreurs capitalistes! Pure, elle restera. Elle a peut-être profité du fric qu’on lui a donné, du voyage à Paris où elle a pu se libérer romantiquement, porté les vêtements et les sous-tifs les plus chers du monde, des cadeaux à 5000 dollars pièce. Elle reste pure, il lui suffit de jeter son portable dans une fontaine de Paris (very romantic place), de faire la nique à sa patronne laquelle, devenant victime à son tour du charme de l’héroïne, ne peut s’empêcher de sourire en pensant à cette petite dévergondée subversive qui a osé dire NON, après avoir dit OUI. Il faut bien goûter aux joies du monde pour cracher dessus. C'est un ascétisme distingué. Ainsi il est écrit dans Marx qu'il n'est nul besoin d'attaquer le capitalisme puisqu'il court tout seul à sa perte et qu'il se détruit de lui-même. Profitons mes amis, profitons. Le capitalisme c'est écrit doit servir à quelque chose pour le grand millénarisme (millésime, ha, ha, ha) qui vous attend! Vive le fric!


03/11/2006

L'ange Homme Exterminateur : nouvelle espèce en voie de prolifération

« un bébé qui pleurait tous les jours », c’est le titre d’un article sur 2Ominutes.fr concernant l’histoire du bébé retrouvé dans l’eau. Aux dernières infos la maman n’aurait pas tué l’enfant. Or, les journalistes citent un témoin de première importance sans nul doute, au point de mettre sa parole en titre : il s’agit de dire que l’on sait bien que l’on pense que la maman est une tueuse, au fond peu importe si elle l’est ou pas, nous les journalistes on vous dit : Vous allez gober ce qu’on vous donne, vous allez croire à l’Homme-ange (pour légitimer l’homme ange exterminateur). Cela se prouve par a+b. Notre héritage des lumières syncrétiques dit que l’homme est un ange. Un ange déchu puisqu’il ne touche pas le ciel. L’homme déchu vaut cependant plus que satan : il existe, oui il existe en tant que tel puisqu’il affirme : je suis ange, dit-il ; souvent c’est l'équivalent d’une phrase rédemptrice.

Ainsi, je vous rappelle la récente cause célèbre de la maman qui avait tué sa (demeurée de) fille. En démiurge angélique elle a décidé de mettre fin à cette souffrance: à la tuer. Mais elle a dit (phrase rédemptrice): « j’en avais assez de la voir souffrir ». Ce n’est pas grave si on ne sait pas trop si cette souffrance était la sienne ou celle de sa fille. Mais la cause de l’euthanasie (qui est elle-même la cause de l’Homme-ange exterminateur) l’a emporté avant même l’issue du procès :on présentait à la radio la vieillarde comme une dame sympathique, un peu gâteuse sans doute parce qu’elle se faisait répéter tous les mots par son avocat,etc. donc elle n’était pas coupable, cette ange. Elle avait même délivré sa fille de la souffrance ; elle avait prononcé la phrase rédemptrice.

Dans l’affaire qui m’intéresse ici c’est la même chose. On légitime le meurtre de l’enfant non pas parce qu’il faut légitimer l’euthanasie ou l'avortement mais renforcer la cause de l’homme-ange exterminateur tout simplement. Si donc le témoin dit, je le rappelle, que le bébé pleurait presque tous les jours, et qu'ensuite les journalistes en font leur titre, c'est qu’ils pensent que l'enfant n'a pas eu d'accident, que la maman l'a tué (et donc que ce n'est pas un accident) et donc il y a bien reconnaissance du meurtre implicite. Retenir que le bébé pleurait presque tous les jours, c’est donner un point à l’avance au cas où il y aurait meurtre, c’est une circonstance atténuante pour tuer bébé, c’est la phrase rédemptrice qui fait de l’homme (femme) un ange exterminateur.

Les gens qui ont encore un semblant de jugeote diront que ça n’existe pas un bébé qui ne crie pas. Et les bébés muets, ça existe ? Non ? Si ? Non? c’est important à savoir tout de même, parce que si bébé muet, on va alors se plaindre à l’hôpital et porter plainte pour handicap non signalé pendant la grossesse et puis vous savez pourquoi pas légitimer un avortement rétrospectif, coup de marteau sur bébés muets… c’est angélique tout ça. Si l'angélisme est démocratique rien n'est gagné... Enfin, je citerai Pascal: "Qui fait l'ange fait la bête", on nous avait prévenu !

P.S.: En cherchant à nouveau cet article, je constatai qu'il avait disparu. Un autre article, toujours sur le même site du "journal", sans reprendre ce titre angélique, cite encore une fois le témoin, cette fois-ci en mentionnant une femme, et non plus un homme. Vous voyez, plus il y a de gens à le dire, plus c'est vrai. Voici: "Elle menait une vie calme", selon une voisine qui a toutefois affirmé que "le bébé pleurait beaucoup". Une autre de ses voisines la décrivait comme une jeune femme "très gentille"...